Retrouver l’idée du bien-être collectif

CHRONIQUE ANTIVIRALE #2

1/2 – « Retrouver l’idée du bien-être collectif » 

Business first or people first ?
Il nous faut un plan pour maintenir un équilibre économique devant l’adversité. Mais l’économie n’est pas toute puissante et elle a cruellement montré ses limites devant une crise sanitaire. Alors sur quoi allons-nous pouvoir fonder notre confiance, trouver collectivement des raisons d’y croire. Comment échapper à la défiance généralisée et prendre confiance individuellement et réciproquement dans nos organisations ? 

Détail de la couverture de la première édition de 1932 du Meilleur des mondes de Aldous Huxley


Tous responsables… ou pas 
Si aujourd’hui la préoccupation sanitaire prime sur tout, demain il nous faudra définir un pacte pour nous rassembler et produire un effort de solidarité. Après 2008 nous cherchions la rédemption en faisant vœu d’utilité à l’économie réelle, pour conjurer le mal contagieux et dévastateur de la finance virtuelle. 
Mais pour sortir de cette crise quel sera le bon sujet pour les entreprises ? Quelle sera la parole juste pour leur communication ? Pouvons-nous désormais continuer à conjuguer à l’infini entreprise économique et responsabilité sociétale ? Une autre voie est peut-être possible où nous apprendrons de notre réalité immédiate, en nous approchant des conditions de vie de chacun, de notre habitat et de notre qualité d’environnement. 
 
Et après
Pour sortir de l’isolementEloi Laurent, économiste et conseiller scientifique à l’OFCE, nous propose de « retrouver l’idée du bien-être collectif ».Il poursuit dans un entretien confiné sur France Inter : « Je crois qu’il y a une réflexion vraiment importante à avoir sur la notion de bien-être, avec trois notions : le bien-être essentiel, le bien-être inutile et le bien-être nuisible. Et comprendre que le bien-être essentiel doit pouvoir se perpétuer et qu’il va falloir se passer d’un certain nombre de choses qui sont nuisibles à notre bien-être. »  Retrouver l’idée de bien-être collectif c’est revenir à l’origine de l’état providence. 
 
Améliorer le bien-être humain serait notre finalité. Un engagement à prendre et à partager pour nos organisations, c’est accessible et à notre portée… C’est demain.
 
Olivier Dureau pour All Contents

Pour accéder au replay de l’entretien : 
https://www.franceinter.fr/environnement/les-entretiens-confines-avec-eloi-laurent-retrouver-l-idee-du-bien-etre-collectif

2/2 – Les destructions créatrices 

En cette période de crise sanitaire, un leitmotiv émerge depuis une semaine ou deux… Un refrain qui commence souvent ainsi : « Après la crise du Covid-19 le monde aura changé !», « Quand nous serons déconfinés plus rien ne sera comme avant ! »  « Nos sociétés et nos communications en sortiront différentes, transformées, grandies… »  Et si ce n’était pas le cas ? 

« Les moments où rien ne change
Sans vouloir faire du mauvais esprit, dans mon quotidien personnel, très peu de chose ont changé si j’oublie un temps ma restriction de liberté je n’ai pas le sentiment que ma vie soit bouleversée – c’est pénible certes – mais pas fondamentalement différent. Bien entendu j’ai conscience de toutes les répercussions sociales auxquelles nous devront, et devons déjà faire face, et qu’on qualifie d’ores et déjà de « désastre ». Qu’est-ce qui va être transformé à l’issue de cette situation inconnue ?  

N’est-ce pas nous prendre à notre propre piège de chercher un nouveau monde ? Comme nous interpelle très bien le philosophe Cory Stockwell en nous disant : « il n’y a rien de nouveau dans le coronavirus… ». Alors s’il n’y a rien de nouveau qu’est-ce qui va changer après la crise ? Toute la question est là ! 

…les moments où tout change. »  
Pour avoir quelque chose de nouveau, il faut bien avoir une transformation à un moment ou à un autre. Mais d’où viendra cette transformation ? Pas du corona, le virus est certes à l’origine de notre « destruction » sociale temporaire mais il n’est pas déclencheur de nouveauté. M.Stockwell fait bien de nous interroger sur comment transformer un peu ce monde, si on veut le voir demain concrètement différent. Alors qu’est-ce qui sera transformé ? Pas le monde, pas le système économique, il nous reste ce qui était là avant et qui sera là demain… Nous devrons agir différemment. Sur quoi pourrons-nous nous appuyer ? Sur nous-mêmes…

Une destruction révélatrice
Cory Stockwell nous propose une idée : nous interroger sur la destruction. Une destruction, notre destruction temporaire engendrée par le Covid-19 qui n’est pas l’acteur de notre transformation mais bien un temps catalyseur pour nos idées. Un moment forcé mais privilégié qui nous permet de révéler des choses qui étaient présentes, mais cachées. Ce que cette destruction révèle, c’est que nous avons souvent tendance à cacher le sens de nos actions derrière des actes automatiques ; c’est-à-dire qu’il nous faut (re)prendre le temps du pourquoi avant le temps du comment. Le temps de nous interroger sur le sens de nos communications, avant même de les communiquer techniquement parlant.  

Ce temps catalyseur, au-delà de nous révéler les « manquements » de nos réflexions, nous invite également à nous interroger sur comment répondre à ce sens une fois que nous l’avons (re)découvert  ? Comment trouver les ressources, nos ressources, pour répondre à cette destruction  ?  

La réponse n’est pas à attendre d’une autre source que nous-même. Ces ressources dans notre métier peuvent justement venir de la création : « c’est la destruction qui fait sens, et c’est pourquoi il ne faut pas chercher une manière d’en sortir, mais d’en faire autre chose. (…) Retourner la destruction sur elle-même, pour « l’ouvrir » vers la création qu’on trouve sous des significations qui semblent figées ».  

La destruction recèle de sens et ce désastre révèle nos idées cachées, pour enfin nourrir notre communication. Alors à nos idées ! 

Cindy Saint-Ouen pour All Contents